La navigation entre Porto Santo et Madère est rondement menée. Une trentaine de milles nautiques au sud-ouest. Nous partons prudemment afin d'évaluer la force du vent et les effets de site, mais finalement nous pouvons monter la grand-voile haute. Du vent portant juste comme il faut, du soleil et un peu de mer. Nous improvisons même un shooting photo avec "Le Cranic" parti un peu avant nous et que nous allons tranquillement dépasser. Nous terminons par un bord de près dans un vent très irrégulier. 4 petites heures plus tard, nous voilà projetés dans une toute autre ambiance.
Etonnant comme ces deux îles, Porto Santo et Madère, peuvent être si proches en distance et si différentes. Les sommets de Madère culminent à 1 800 mètres, des nuages sont quasi en permanence retenus par ces montagnes : le climat est donc très humide et la végétation foisonnante.
L’île est vertigineuse. Les falaises tombent à pic dans la mer. Il n’y a que très peu voire pas de mouillages sûres et abrités. Pour visiter l’île sereinement, pas vraiment d’autres choix que d’aller au port. Malheureusement, nous n’avons pas de place pour aller à Funchal (ce qui aurait été plus pratique et sympathique). Cependant, nos amis de Macajou ont réussi à nous dégotter un anneau dans la marina de Quinta de Lorde, située sur la côte sud à l'est de l’île. Etrange marina isolée au coeur d'un très vaste complexe hôtelier haut de gamme qui a fait faillite il y a quelques années. C’est donc aujourd’hui une ville fantôme plutôt jolie (vu de la mer). On sourit de l’expérience qui nous est rapportée d’un couple de canadiens qui navigue sur un gros catamaran Niel flambant neuf : la femme ayant très peu apprécié la navigation depuis Gibraltar, le mari lui a promis une halte dans le beau palace de Quinta de Lorde…ne sachant pas qu’il était à l’abandon, dommage! La femme est repartie au Canada !
On retrouve quelques autres voyageurs dont Jade, le jumeau de Macajou, qui part pour un voyage de 4-5 ans, en passant par la Polynésie et l’Antarctique…
Pour découvrir cette île vertigineuse, il nous faut une voiture. Tout étant full, un madérien nous "prête" son van pendant 5 jours. Les enfants sont ravis. Macajou a organisé un programme aux petits oignons. Durant 3 jours, nous nous levons tôt pour faire école avant d’enchaîner sur des randonnées sur les sommets, en forêt ou le long des fameuses levadas - canaux d’irrigation qui permettent de récolter l’eau de pluie des sommets pour alimenter les cultures nombreuses sur les pentes raides de l’île : bananiers, mais, cannes à sucre, citronniers… Malheureusement, la météo n’est pas toujours avec nous : Il pleut souvent et il fait frais… Mais cela n'arrête pas nos 2 familles qui aiment la marche.
- Le premier jour, nous commencons doucement avec le PR 18 qui longe la lavada do Rei. Nous terminons par une petite visite des maisons traditionnels de Santana.
- Le second jour, il faut hausser notre niveau de jeu: nous commençons dans le froid et le brouillard par le PR6 jusqu'à la lagune des 25 fontaines et sa cascade. Puis, voulant échapper aux nombreux randonneurs nous poursuivons sur le PR13, jolie marche en balcon autour d'une vallée vertigineuse.
- Le troisième jour de randonnée, nous réalisons l'ascension du point culminant de l'île, le Pico Ruivo (1862m). Il pleut, il vente et l'espoir de passer au dessus des nuages n'est pas récompensé ! Nous ne poursuivons pas le PR1 qui relie les plus hauts sommets (la météo ne le permet pas, dommage). Cependant, les enfants sont courageux alors nous nous engageons sur le PR1.1- vereda da ilha- dans une longue descente (1400m de dénivelé négatif), il est peu fréquenté et glissant, cela demande une attention permanente pour ne pas chuter! Lors du croisement avec la levada do caldeirao verde (PR9 que nous aurions aimé faire mais manque de temps...), nous rencontrons par hasard Jade !
Le vert de Madère nous change du bleu de l'océan et chacun est content de pouvoir faire marcher les muscles de ses jambes ! En tous cas, quel beau moyen pour découvrir l'île ! Le parcours en voiture est lui aussi impressionnant : certaines routes sont franchement vertigineuses avec des éboulements de pierre bien visibles et des pentes dignes d'une piste de ski !
Superbe vue depuis les sommets de Madère :)
Afin de reposer les corps, nous flânons dans Funchal. Dommage, le célèbre marché aux fleurs couvert était fermé le samedi après-midi.
Les cultures en terrasse sont omniprésentes.
La frayeur du séjour restera gravée un après-midi sur le PR 13…Alors que les enfants marchent d’un pas enthousiaste une cinquante de mètres devant les parents, nous entendons des hurlements. Nous voyons Charles et Clara courir vers nous en hurlant tandis que Héloise, Thaddée et Clotaire s’enfuient dans le sens opposé. Il nous faut peu de temps pour comprendre qu’ils sont attaqués par des guêpes. Josse et moi courront vers nos 3 tandis qu’Arnaud et Laetitia récupérent les leurs et Gabrielle. Je traverse tête baissée un nuage de guêpe, parvient auprès des 3 hurlants. Thaddée et Clotaire en s’éloignant n’ont plus de guêpes sur eux mais Héloise est envahie. Nous la déshabillons rapidement pour laisser partir les bêtes prisonnières sous ses habits. Plusieurs guêpes se trouvent aussi emmelées dans ses longs cheveux et nous mettons plusieurs minutes à les extraire. La pauvre est évidemment terrorisée. Tout le monde pleure. Arnaud nous téléphone et nous convenons que nous devons repartir en arrière pour retrouver ensuite une bifurcation qui devrait donner sur une route. Avec courage, nous rebroussons rapidement chemin, sans recroiser heureusement de guêpes. Une fois tous les 11 réunis, nous inspectons de nouveau les piqures de chacun. Laetitia, infirmière, trouve les bons mots pour rassurer les enfants. Sur 11 personnes, nous sommes 8 à avoir été piqués, dont Héloise, Clara et Charles, qui ont chacun sur eux plus de 11 piqures sans compter la tête…Nous remercions le ciel que personne ne fasse de choc allergique. Il faut encore marcher 2 kilomètres au travers des fougères. Josse est à l’avant pour ouvrir le chemin. C’est long…les enfants sont encore sous le choc, ils se donnent la main.
Enfin la route ! Appâtée par les mamans, les papas montent dans une voiture en stop pour retrouver nos 2 véhicules. De retour sur les bateaux, c’est apéro festif pour oublier ce mauvais moment passé qui rapprochera encore nos familles ! On mettra quand même quelques jours à ne plus souffrir des différentes piqures.
Notre escale à Madère aura finalement été courte mais intense. Divertis par leurs nouveaux amis de voyage, les enfants ont sacrément bien marché dans des conditions parfois difficiles! Nous aurions aimé y passer plus de temps : il nous reste encore quelques belles randonnées à effectuer ! Nous n’avons eu qu’un rapide aperçu de Funchal et les nuages épais ne nous ont pas permis de voir la magnifique vue depuis les sommets.
Mais la météo annoncée pour les prochains jours nous laissent penser que, si nous ne quittons pas l’île rapidement, on y sera « coincé » pour plus d’une semaine et nous manquerons les parents qui arrivent à Lanzarote le 2 octobre.
Nous prévoyons donc de quitter le port en fin de journée du 22 septembre. Nous profitons malgré tout de l’après-midi pour faire une dernière randonnée depuis la marina vers la Ponta de Sao Lourenco (PR8). C'est l'occasion de rencontrer une famille bretonne qui change de vie pour démarrer une nouvelle activité à Tahiti. 6 mois pour effectuer La Forêt - Fouesnant => Tahiti en catamaran avec leurs 6 enfants de moins de 13 ans ! Quelle fougue ! Bord à bord en cette fin de journée, nous quitterons Madère ensemble pour les Canaries ! Les Wapai partent sur Ténérife, pour nous cap au sud-est vers La Graciosa.
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