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  • carofoucart

Remontée des petites Antilles en escadrille 1/2

Nous voilà de nouveau en territoire Guadeloupéen, aux Saintes. Nous étions arrivés de Transat en décembre à Marie-Galante, avant de repartir vers le sud des petites Antilles. Finalement, et au grand désespoir de Josse, nous n’avons pas poussé la barre à droite pour nous rendre vers Panama, la Polynésie et l’Australie ! Nous nous « contenterons » pour le moment de remonter paisiblement le nord des petites Antilles. La géographie de l’arc Antillais ne nous était pas très familière il y a encore quelques mois. A présent, tout l’équipage est devenu expert du coin ! Les différentes îles sont distantes à chaque fois d’une cinquantaine à une centaine de milles. Avec les alizées plus ou moins forts qui soufflent en permanence, cela fait à chaque fois des navigations rapides, sportives et sympathiques. Nous naviguons la plupart du temps, de jour comme de nuit, en flotille avec un ou plusieurs bateaux (Saint Elme, Meltem, Papy 3, Jude, Wildthing 2…). C’est motivant et cela plait aux enfants. Tout l’enjeu consiste évidemment à arriver le premier, avec un gros bonus si la pêche a été fructueuse.


Au programme donc du mois de Mars 2022 : Les Saintes, Antigua et Barbuda, Saint Barth, Saint Martin et les Iles Vierges Britanniques. Bref, pas de quoi s’ennuyer. Entre les navigations, l’école à bord, les clearance in and out, les courses, les repas et la vaisselle qui reviennent sans cesse 😊, l’entretien du bateau, les balades, les plongées, les sports nautiques et les feux sur la plage, je dois dire que tous les équipages sont assez occupés... Pauvres de nous. Nous vivons un peu la tête dans la sable, bien conscients de la sombre actualité mais nous y reviendrons bien assez vite.


Ce mois de mars sera aussi le mois des copains. En avril et mai, nous vivrons en huis clos familial aux Bahamas et en Transat. De nombreuses personnes nous avaient prévenues avant le départ. Pour voyager sur le long terme avec des grands enfants, il faut avoir des temps avec d’autres familles sous peine que la cocotte explose ou que l’ennui s’installe. C’est vérifié. Nos enfants sont heureux des rencontres que nous avons faites avec d’autres bateaux voyageurs français ou étrangers. Les amitiés se nouent très rapidement, les écarts d’âge ont moins d’importance. Des échanges se font en permanence pour les navigations, les séances d’école, les nuits. Les plus jeunes gagnent en autonomie, se rendent seuls pour aller crapahuter sur les plages. C’est la vie au grand air et dans la nature même pour les jeunes ados. Tous les équipages sont branchés sur la VHF canal 73 pour communiquer entre voiliers et avec ceux à terre.


Le voyage n’est pas toujours vécu facilement pour tous. Nous avons rencontré des voyageurs avec enfants et ados, épuisés et lassés au bout de quelques mois, les enfants ne sortant plus de leurs cabines et refusant toute excursion. Certains arrêtant plus tôt que prévu initialement.

Cela n’en a pas l’air, mais la vie itinérante en voilier est intense et exigeante. Il faut en permanence créer du rythme, accorder les envies de chacun, gérer les coups de fatigue, le manque du pays, le besoin de liberté. Nous avons de la chance car sur le bateau, chacun apprécie cette vie hors du commun. Et quand ca déraille, après une bonne nuit de sommeil, tout va toujours mieux.


Alors, comme disent nos amis voyageurs anglosaxons, quels sont nos highlights de ce mois de mars ?


Les Saintes (27 février – 2 mars)

- Nos plongées sur l’épave du mouillage de Terre de Haut et autour du Pain de sucre. D’une manière générale, les plongées en apnée font parties des coups de cœur de ce voyage. Quel temps nous aurons passé sous l’eau à découvrir la multitude de poissons et à progressivement améliorer son apnée et la descente dans les profondeurs. Les enfants sont devenus des encyclopédies vivantes sur les poissons des Antilles !

- Les Saintes, c’était aussi nos dernières soirées avec l’équipage de Macajou (rencontré à Porto Santo). Nos routes se séparent avant un long moment. Ils partent pour une durée indéterminée ! Nous avions fait de belles photos ensemble et je les ai perdues ! Il faudra se revoir !



Antigua (4 mars -10 mars)

Après une navigation rapide depuis Deshaies (Guadeloupe) plutôt très agréable malgré une houle assez forte, nous arrivons au mouillage de Jolly Habour pour faire notre entrée dans le pays : Les frais de douane sont réputés moins chers qu’à English Harbour. On regrettera néanmoins cette option, car, avec le vent fort qui se lève dès le soir même, nous n’avons pas eu le courage de repartir par la suite vers English Harbour qui aurait pourtant mérité le détour. Dommage. Nous ferons le tour de l’île par le nord, en s’arrêtant à Hermitage Bay, Deep Bay et St John, jusqu’à Bird Island à l’est.


Saint-Elme et Toucan, en route vers Antigua


Durant ces quelques jours à Antigua, les alizées seront très soutenus, les mouillages rouleurs et les navigations sportives voire franchement pénibles pour certaines, quand il s’agit de remonter vent de face dans une mer cassante. Je passe sur notre stop dans la ville de Saint John's où nous avons bien mis 2 heures à réussir à ancrer tant l’endroit était exigu et déjà encombré.


Notre séjour à Antigua ne nous aura pas complétement conquis. Mais notre regard est sûrement biaisé par le facteur météo.

Malgré tout, nous sommes ravis de nous retrouver dans l’ambiance des îles anglophones. Nous retrouvons les supérettes de la Dominique, Saint-Vincent-et-les-Grenadines ou Carriacou. Aux Antilles, il y a bien d’un côté les îles françaises et de l’autre les îles anglophones, deux mondes différents. Produits alimentaires, marques de voitures, architecture. Les influences et les réseaux diffèrent. Ici nos paniers se remplissent de bacon, cheddar, chou blanc et rouge, bananes, avocats les jours fastes, nuggets de poulet congelés et viande hachée congelée vendue sous forme de saucisson (que l’on fait décongeler tranquillement dans notre frigo ce qui nous laisse la possibilité d’une consommation à J+5). Avec le pain maison, les pizzas maison et pâtes en tout genre ; c’est un peu la base de notre alimentation…

Les saucissons de viande hachée surgelée


Pas de coup de cœur ici. Les côtes abritent des complexes hôteliers assez imposants. Les petites villes sont rares et d’un intérêt limité (mais nous ne sommes pas allés à English Harbour). Néanmoins, Antigua nous aura gâtés de très bons moments partagés avec nos amis. Que ce soit pour fêter les 13 ans de Arthur (du voilier Saint Elme) ou à l’occasion d’un repas au mouillage de Lee Cowes à Bird Island. Derrière les récifs coraliens, nous découvrons une jolie plage et un lagon d’eau cristalline. La petite île est une réserve de serpents. Henri, le skipper de Ulmo (quitté aux Grenadines) nous y retrouve le temps d’un déjeuner avec son père et deux amis, juste avant leur départ pour la transat retour dans des conditions de vent très très soutenues. Joie de le revoir alors que Julie et les enfants sont déjà en France au boulot.


Ballade à Saint John's, quartier des croisiéristes américains versus vie locale


Mélanges d'enfants sur les bateaux

Anniversaire à Hermitage Bay avec les équipages de Saint Elme, Meltem, Papy 3, Jude et Valentino


Barbuda (11 au 17 mars)

Nous partons pour Barbuda avec les Saint-Elme avant d’être rejoint quelques jours plus tard par les Papy et les Meltem. La navigation se fait au prés dans 23 à 30 nœuds de vent avec une mer bien formée.


Nous arrivons sur cette île très durement touchée par l’ouragan Irma. Le peu d’infrastructures qui existaient sur l’île ont été détruites. Les habitants avaient été évacués pendant plusieurs semaines. L’île en porte encore les stigmates. Hôtels abandonnés, toitures envolées, plages creusées. Sur la pointe sud de Cocoa Point, un complexe immobilier de luxe (on s’y rend par hélicoptère) est en cours de construction et tend à privatiser toute l’extrémité de l’île. Les camions de livraison perturbent la tranquillité du site. L’unique petit village de l’île, Codrington, semble presque désert.


Les alizées forts sont toujours de la partie mais ne nous empêchent pas d’admirer la magnifique plage de cet atoll, de savourer quelques bons bains, de tenter des sorties en kite et tiwal malgré les rafales et de se défouler sur la plage à l’occasion d’olympiades ou dans les marais salants du cœur de l’île. Que du bon temps entre amis, pour petits et grands.

Malheureusement qui dit vent fort dit no lobster. Aucune visibilité. Même pour les locaux, il n’est pas possible de pêcher dans ces conditions. C’est évidemment un peu la déception, car c’est en partie l’intérêt de l’île…


La longue plage de Barbuda

Jeux d'enfants et olympiades


Marais salants et pieds dans la vase

Codrington

Hôtel dévasté par Irma, à l'entrée de la lagune de Codrington


Nous garderons en mémoire le grain à 38 nœuds subit avec les Saint-Elme alors que nous tentions de nous engager dans une étroite passe au fond de Gravenor Bay. En quelques secondes le jour est devenu nuit et l’adrénaline est monté en fléche de crainte de se prendre un récif de corail ou le voilier Saint-Elme. Nous parvenons à faire demi-tour et à nous extraire de ce mauvais pas.



Pour notre dernière soirée à Barbuda, avant de quitter l’équipage de Papy qui repart vers le sud, la météo plus clémente nous permet d’organiser un grand feu sur la plage. Les équipages de Dunoche, jeunes étudiants et de Wildthing 2, très sympathique famille allemande, se joignent à nous. Chris nous transmet la tradition allemande du stockbrot, pain roulé autour d’un bâton qui fait fureur auprés des enfants.



Saint Barth (18 au 25 mars)

Les Wildthing 2 voyagent sur un bel outremer neuf. Josse leur propose donc de parcourir les 70 milles qui nous séparent de Saint Barth en mode régate. Il ne savait pas encore que Chris et Julia sont des régatiers avertis et de très trés grands compétiteurs. A 7h30, les ancres sont levées. Quelques minutes auparavant Josse était en train de frotter notre coque sous l’eau, un peu trop poilue. Il faut dire que Wildthing 2 est encore tout neuf et dispose d’un coppercoat qui résiste très bien aux algues. Il y a plus de 20 nœuds de vent mais les spi sont de sortie…Nous parvenons tout de même à les enrouler rapidement à l’arrivée d’un grain à 30 nœuds. A mi parcours, la compétition est très serrée. Et là, c’est le drame, nous manquons de chance et une écoute de notre spi casse lors d’une rafale à 22 nœuds de vent. Le temps de réussir à rouler le spi, à le réaccrocher et le renvoyer, nous perdons l’avance et nous nous faisons devancer sans parvenir à reprendre notre retard de 2,5 milles. Chacun arrive à Gustavia avec le sourire et nous fêtons le soir même avec eux cette bonne navigation partagée.



Nous sommes rejoints par les Saint Elme dès le lendemain matin et partons ensemble à la découverte de l’île. D’emblée nous sommes séduits par l’énergie qui y règne. Evidemment, nous sommes à des années lumières de ce que l’on a vu ces 6 derniers mois. C’est la bucket regatta, le port est plein de voiliers exceptionnels et nous pouvons profiter du spectacle de quelques régates. Nous passons aussi amusés devant les quelques boutiques du port ou restaurants chics, comme celui de la Plage dont le concept est de couvrir le sol intérieur de sable…nous qui rêvons parfois d’un environnement sans sable et sans sel !



A Gustavia, nous découvrons l’histoire de cette île, encore différente des autres. D’une île très pauvre car sans eau, à la période suédoise et la création du port franc, à l’arrivée de D.Rockfeller ou Rémy de Haenen jusqu’à la réputation d’aujourd’hui. C’est amusant de parcourir toutes ces îles, de découvrir leur histoire et d’observer leurs ressemblances et leurs différences. 

Je dois reconnaître que lorsque l’on voit quelques photos de France, tout nous semble un peu gris et morose. Nous nous sommes très bien habitués à la lumière, la chaleur et la couleur.


Gustavia, le port Franc,mémoire de l'époque suédoise, le select et les boîtes aux lettres

Le restaurant "la petite plage". Bouteille de vin jusque'à 20 000 euros.


A Saint Barth, nous avons été touchés par l’accueil de quelques personnes comme les propriétaires du magasin Poppy’s ou Estelle et Benoît qui travaillent à St Barth et vivent sur leur bateau. (L'immobilier est hors de prix). Les « Poppys » nous ont véhiculés et prêtés leur voiture pour que nous puissions, avec les Saint Elme, parcourir l’île. Une famille suivait en stop. Nous allons à la découverte de l’aéroport, qui a remporté un très gros succès auprès des enfants (les avions rasent la colline avant d'attrerir), des jolies plages dont celle du Grand Cul de sac, des piscines naturelles. La randonnée a bien failli ne pas aboutir mais grace à la perseverance de Pierre-Emmanuelle, nous finissons par trouver le site, idéal pour tenter des sauts vertigineux. Arthur et Calixte remportent haut la main la palme des sauts les plus fous. Calixte n’a que 7 ans et une belle energie à revendre !


Les mosaïques

Jolies plages et tombe de Johnny...

L'aéroport

Piscines naturelles

Les sauts




L’île de Saint-Barth n’est pas grande et les mouillages peu nombreux. Mais celui de l’anse de Colombier s’est révélé être très agréable. Tout comme celui de l’île Fourchue, à quelques milles de Saint-Barth. Petite île déserte où nous avons passé deux nuits avec les Saint Elme, seuls, pour explorer l’île et piquer niquer au feu de bois.


Halte au mouillage de l'anse de Colombier

Vie de Robinsons à l'île Fourchue


Bien heureux sommes nous de cette escale et de ces moments partagés.

Cap à présent sur l'île de Saint-Martin, qui ne sera qu'une trés courte escale avant de rejoindre les Iles Vierges Britanniques puis les Bahamas. La suite au prochain numéro!


Bye Bye Saint Barth!



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