C’est Caroline et Hervé Olagne, les Lolita, et leur blog olaventure.com qui nous avaient donné l’envie de nous arrêter pour quelques jours en Dominique.
Il faut pourtant se motiver ; la procédure d’entrée dans le pays en ces temps de COVID est laborieuse : tests PCR avant le départ puis tests antigéniques à l’arrivée, frais d’agent…Peu de voiliers ont le courage de s’y soumettre. Ce qui rend aussi l’escale sympathique car avec peu de touristes.
Nous arrivons comme prévu le dimanche soir dans la baie de Portsmouth, après une journée de navigation très tranquille sous peu de vent. C’est dimanche mais nous profitons des conditions pour avancer sur le travail scolaire.
La baie de Portsmouth, petite ville de 3 500 habitants, est quasiment l’unique mouillage correcte de l’île, qui n’est pas vraiment réputée comme ses voisines pour ses plages ou ses criques. Et de fait non propice à la navigation. La Dominique est une île montagneuse, recouverte sur la quasi-totalité de son territoire de forêts tropicales, de cascades et de sources d’eau chaude. Et c'est justement ce que nous sommes venus chercher sur ce territoire moins connu.
A Portsmouth, comme sur toute l'île, nous faisons face au développement limité du pays et au faible niveau de vie de ses habitants. Nous avons été parfois un peu mal à l'aise et en même temps charmés par les paysages et admiratifs devant la résilience des habitants.
Portsmouth
Le bar de la plage, pratique pour l'usage de la WIFI et le travail scolaire...
Après la matinée consacrée aux formalités, nous commençons notre découverte de l’île avec Albert, qui nous embarque dans sa barque, au cœur de la rivière indienne. Il nous raconte les spécificités du milieu, les grandes variétés d’arbres, les oiseaux, les crabes, les serpents, les iguanes, les perroquets jaco, le tournage des films Pirate des Caraibes 2 et 3, les efforts faits pour sensibiliser les habitants à la préservation de l’environnement (et ne pas déverser les déchets dans la rivière. Bien que nous croiserons à son grand désarroi un chien mort jeté par les habitants). Il nous parle de l’indépendance avec l’Angleterre depuis 1978 (« heureusement parce qu’ils n’avaient rien fait avant »), des deux ouragans David en 1979 et Maria en 2017 qui ont profondément dévasté et affaibli le pays.
Découverte de la rivière indienne avec Albert
Le lendemain, nos aventures se poursuivent. Cette-fois-ci, nous envisageons de nous rendre en premier lieu au sud de l’île, sur un site de sources d’eau chaude. Nous choisissons de partir en Aluger (bus locaux) : il est possible de se déplacer en taxi ou avec un guide mais les prix sont exorbitants (sûrement liés au tourisme de paquebots de croisière américains qui font régulièrement escale sur l'île le temps d'une journée). Le problème de l’Aluger, c’est qu’il faut attendre qu’il soit plein pour que le conducteur parte. Nous sommes collés serrés à l’arrière (le chauffeur souhaite toujours rentabiliser son trajet) et il fait une chaleur étouffante. Mais nous sommes toujours contents de partager un peu de l'ambiance locale.
En Aluger
Nous finissions par arriver à Roseau, capitale du pays. Après un rapide tour (l'ambiance est sympathique : tout le monde vit dehors), nous reprenons un nouvel Aluger pour Soufrière. L’attente est longue avant que le mini bus soit plein. Nous avons pris la peine de vérifier avec le conducteur qu’il pouvait sans soucis nous déposer aux Sulphur Springs, carte touristique à l’appui. Aucun problème.
Roseau, capitale du pays (17 000 habitants). Un gros paquebot de croisière avait "privatisé" le petit marché couvert.
Nous voilà enfin repartis. Arrivés à Soufrière, lorsque nous redemandons au chauffeur la direction des Sulphur Springs, celui-ci nous indique que les sources ont été dévastées par l’ouragan Maria en 2017. Il n’y a plus rien à voir. Une demi-heure avant, il n’y avait pourtant aucun problème…Bref, c’est la joie du voyage et nous ne sommes pas du tout énervés d’avoir passé la journée dans des mini-bus pour arriver sur un site qui n’existe plus de 5 ans. Nous allons quand même voir par nous-même et nous pouvons confirmer que ce n’est pas la peine d’y aller : l’ouragan a provoqué des glissements de terrain de sorte qu’il ne reste plus rien si ce n'est un ruisseau d'eau sulfurée.
Histoire que la journée ne soit pas complément ratée, nous retournons à pied dans le sympathique petit village de Soufrière et nous avons le plaisir de découvrir le Bubble Spa: les sources chaudes enfouies sous la terre se jettent ici dans la mer. Les habitants ont posé quelques sacs de sable et parpaings pour créer un bassin. Tout le monde se jette à l’eau pour un bain chaud au milieu des poules et des travaux. Les enfants sont ravis. Tant mieux !
Soufrière
Soufrière et le Bubble Beach Spa...
Mais il ne faut pas trainer : nous devons reprendre deux Aluger pour retourner à Portsmouth. Nouveau coup du sort, un accident de la route bloque l’unique route qui rejoint Roseau à Portsmouth. C’est parti pour des heures d’attente avant d’arriver à bon port vers 19h. Voilà une journée bien rentabilisée ! Le soir, pour nous remettre d'aplomb, nous prenons l’apéro avec les jeunes de Takoun le voilier et Sailing Pachamama, avec qui nous échangeons nos quelques bons ou mauvais plans !
Arrêt de bus
Nouvelle journée, cette fois-ci, nous assurons le coup en louant une voiture auprès d’un habitant de Portsmouth.
Nous partons en direction de Middleham Falls. Les distances sont à chaque fois longues et il faut s’armer de patience pour effectuer ces kilomètres sur des routes parfois très abîmées ou en reconstruction suite à Maria. Nous arrivons finalement d’abord à Titou Gorge : il faut se mettre à l’eau pour aller nager dans un cours d'eau souterrain jusqu’à une cascade. Pas de photos prises sous peine de noyer le téléphone. L’endroit est magique mais l’eau est glaciale. Les enfants ont adoré. Nous découvrirons quelques semaines plus tard que nous avons loupé la source chaude pour se réchauffer après la baignad!
Titou Gorge
A quelques kilomètres de là, nous partons pour les Middleham Falls. Une jolie randonnée boueuse nous mène sur ces splendides chutes de 80 mètres de hauteur. Seul Josse a le courage de se baigner ; le bassin n’est pas très facile d’accès. Chacun profite de ce paysage grandiose dans lequel s'agitent de nombreux oiseaux, notamment des colibris.
Middelham Falls
Nous finissons la journée en tentant d’aller voir à quoi ressemblent les Wotten Waven Sulphur Springs. Mais les différents sites semblent payants et assez chers, nous ne nous arrêtons pas et rentrons à Portsmouth.
Nous avons encore la voiture pour deux jours, aussi nous poursuivons nos visites avec un rythme soutenu. Cette-fois nous partons pour Emerald Pool. La route n’est pas la même que la vielle et nous perdons de longues minutes à trouver notre chemin. Globalement, il n’y a quasiment pas de panneaux de direction. Finalement, nous finissons par arriver au bout de nos peines, à Emerald Pool. L’endroit est plus intime et par chance, nous sommes les seuls touristes. Aussi nous privatisons le bain et pique-niquons tranquillement. Nous reprenons la route pour nous rendre à Jaco Falls, les enfants enchainent avec plaisir les baignades et les douches mythiques sous les cascades. Spanny Falls a été privatisée, nous ne nous arrêterons pas.
Emerald Pool
Jaco Falls
Au même moment, l'armée russe envahit l'Ukraine... En Dominique, le chemin de grande randonnée qui traverse l'île, le Waitukubuli national trail (184 km), nous le rappelle en permanence.
Nous mettons cap vers le nord-est de l’île. La côte au vent est assez hostile : relief escarpé, plages balayées par les vents et les vagues. Les habitations sont moins nombreuses : la plupart des habitants vivent sur la côte ouest, sous le vent.
Nous avions repéré à Point Baptiste, au nord, une petite chocolaterie artisanale tenue par un franco-dominiquain. Il nous fait visiter avec plaisir ses installations, nous explique l'ensemble du process de fabrication de la fève à la plaquette. Nous repartons avec quelques délicieuses plaques de chocolat qui sont un peu notre péché mignon sur le bateau !
Côte au vent
Pour notre dernière journée en Dominique, ce sera l’apothéose. Motivés par nos amis de Takoun, nous partons traverser une nouvelle fois l’île pour aller voir les Victorial Falls. La route est longue et escarpée. Plus renseignés que la veille, nous prenons la route en reconstruction. Les travaux ne sont pas finis, mais ca passe, et c’est un sacré raccourci. Il n’empêche, c’est quand même le bout du monde. Après 2h30 de route, nous nous arrêtons devant un panneau cassé, à côté de voitures en ruine, ce qui semble être le départ de la balade. A priori, nous ne sommes pas sur un chemin très fréquenté. Nos amis avaient eu un temps magnifique mais en ce dernier jour, la météo a changé. Il a beaucoup plu pendant la nuit et le temps est instable. Les premiers mètres se déroulent à peu près sans encombre mais assez vite nous arrivons à une rivière qu’il faut traverser. Nos amis avaient de l’eau jusqu’aux mollets voire les genoux. Devant nous, l’eau est boueuse. Josse sonde le terrain ; il a de l’eau jusqu’au torse. L’endroit ne me convainc pas du tout et je n’ai pas spécialement envie de me retrouver emporter par la rivière ou bloquer sur l’autre rive si l’eau devait encore monter. Tout le monde est très motivé, à part moi, et je dois finir par céder. Chacun se met en maillot de bain et chaussures d’eau; vêtements, chaussures de rando et pique-nique débordent des sacs. C’est parti pour la traversée, les enfants doivent pratiquement nager en faisant attention de ne pas se faire embarquer par le courant. Une fois de l’autre côté, nous poursuivons la marche en maillot de bain à travers la forêt tropicale et sous quelques gouttes de pluie. C’est de nouveau la rivière qui se trouve devant nous et qu’il va falloir retraverser dans les mêmes conditions, je suis ravie. Bien que les Takoun aient disposés quelques galets la veille, nous mettons un temps certain pour trouver la suite du chemin. Jusqu’à comprendre qu’il faut remonter directement dans la rivière et escalader les rochers. C’est glissant et trop difficile d’accès à mon goût : je garde les garçons, ils veilleront sur leur mère, tandis que Josse et les filles (qui aiment les randonnées foireuses et rentrent deçues des ballades si elles n'ont pas croisé serpents, requins ou crocodiles) poursuivent jusqu’aux Victoria Falls. Elles sont impressionnantes (les Falls), notamment par leur débit. Ils reviennent enchantés!
Le soleil finalement revient, le niveau de l’eau et le courant diminuent et nous pouvons profiter d’un bain dans la rivière. Nous rebroussons chemin jusqu’à la voiture où nous attendent deux chiens errants à l’air pas sympathique. Nous nous engouffrons mouillés en maillots de bain dans la voiture avant de nous faire croquer. Tant pis, on s’habillera plus tard !
En route
Les vainqueurs à Victoria Falls
Au retour, c'est mieux, l'eau est descendu, le soleil est revenu
Et voilà, les aventures en Dominique, c'est déjà fini! Evidemment, nous n'avons pas tout vu (les Trafalgar Falls notamment). Mais comme à chaque fois, on en laisse un peu pour le prochain voyage:)
En route! Nous sommes attendus le 27 février, quelques milles plus au nord, dans l’archipel des Saintes, auprès de nos amis Macajou, Saint-Elme et Papy 3.
Bye Bye Dominica!
Hello les Saintes